Connaissant l’existence du SVE depuis une dizaine d’années, j’attendais patiemment que mon tour arrive. Il est enfin arrivé, et je suis partie pour six mois en Palestine. Fatiguée d’entendre les mots « conflit » ou « israélo-palestinien », je veux moi aussi comprendre. Je suis donc arrivée à Naplouse.
Les bénévoles de l’association, habitué.e.s des volontaires internationaux, nous ont offert à Cécile (volontaire française avec qui je partage ma mission et mes journées) et à moi un accueil sans conditions puis une amitié de même type.
Au sein de Human Supporters, Cécile et moi donnons des cours de français au public intéressé de la manière la plus plaisante possible. Nous essayons de répondre au mieux aux besoins et attentes des personnes concernées. Nous avons mis en places plusieurs méthodes et leçons, plus ou moins rapides et plus ou moins formelles, et j’ai vraiment pris goût à ces ateliers de français. Nous avons également commencé des correspondances en anglais entre enfants français et palestiniens.
Passionnée de droits humains, je me suis intéressée de près, encouragée par les membres de l’association, aux liens entre la Palestine, les droits fondamentaux et les enfants. Toujours pour essayer de contribuer à ce que ce pays ait le moins possible l’odeur d’une prison, nous avons créé un jeu qui ressemble au jeu de l’oie avec des questions concernant les enfants, leurs droits et la Convention Internationale des droits des enfants. Nous sommes donc allés, volontaires locaux et internationaux) jouer avec des enfants d’horizons culturels et sociaux bien différents (enfants de Naplouse, du camp de réfugié d’Askar, d’enfants sourds et muets en partenariat avec le Croissant Rouge) pour continuer l’introduction de ces droits. Mes missions au sein de cette association me plaisent énormément et influenceront sûrement mes futurs projets personnels.
Nos ami.e.spalestinien.ne.s sont sans cesse prêt.e.s à nous raconter l’histoire de Naplouse, leur vécu pendant la seconde Intifada, à nous apprendre quelques mots d’3amiya (le dialecte palestinien). Sortir de sa zone de confort n’est pas chose facile, mais devient tellement plus aisé lorsque chaque personne rencontrée essaie de faire que ce pays soit, pour le temps de notre mission, un pays d’adoption.
Je pense que mon devoir envers la Palestine est d’essayer d’ouvrir les frontières de temps en temps en créant un lien entre l’intérieur de ce pays – que l’on barricade – et l’extérieur de celui-ci, extérieur dont certains palestinien.ne.s ne connaissent l’existence.
Il est parfois difficile de se rappeler que notre expérience s’inscrit dans la réalité. La Palestine est pour moi un monde à part, rempli d’amour, de colère, de frustrations, de checkpoints, de sincérité, de religion, d’olives, de discriminations et surtout de respect. Et tout cela de manière anormalement intense.