La « semaine des langues », mais pas que!

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Lundi 21 Novembre. Nous sommes partis pour Toulon, où, dans le cadre de la « Semaine des langues », nous avons animé une sensibilisation linguistique dans le collège « La Marquisanne ».

Le but de cet événement était de proposer un petit « break » aux élèves par un moment d’apprentissage non formel, autour des langues et des cultures étrangères et, d’un point de vue plus «  sérieux », de leur transmettre le sentiment que leur apprentissage est fort utile, enrichissant et stimulant.

Nous avons donc créé des présentations Power Point, concernant notre langue et culture, et nous sommes partis.

L’équipe

Je m’appelle Valerio, je viens de Cassino, un petit village du centre d’Italie situé entre Rome et Naples. J’ai fait des études de langue française (médiation linguistique et interculturelle). Venir en France était donc pour moi motivant pour renforcer ma maîtrise de la langue. J’ai d’ailleurs enseigné la langue et la culture italienne dans un lycée de Lille lorsque j’étais en Erasmus dans cette ville en 2014, j’avais déjà une connaissance suffisante du français et une certaine aisance à passer d’une langue à l’autre dans des contextes assez variés. Actuellement, je suis en service civique auprès de Pistes Solidaires Méditerranée, j’aide à gérer les projets SVE (Service Volontariat Européen).

Vicky vient d’Athènes, elle fait aussi son service civique à PSM, mais dans le pôle des Echanges Interculturels et Formations. En même temps, elle est encore étudiante de Mathématiques Appliquées et Physique. Avant de venir à Marseille, elle faisait des boulots divers, dont donner des cours particuliers en Maths et Physiques aux élèves du lycée et du collège.

Josephina vient de Dresde. Elle est venue à Marseille en Volontariat Écologique Franco-Allemand, elle souhaitait faire quelque chose de différent avant de s’inscrire à l’université dans une ville qui lui paraissait bien vivante au niveau culturel. Elle fait son volontariat avec l’association Eurocircle, qui s’occupe aussi de projets de mobilité internationale des jeunes, de l’interculturel et de projets divers sur l’immigration et l’environnement.

Adriana vient de Tarija, un village de Bolivie, mais ça faisait deux ans qu’elle vivait à Barcelone avant de venir à Marseille en SVE, où elle fait un volontariat avec l’association Cosmos Kolej / La Gare Franche, dans un quartier nord de la ville. Elle participe à un projet de développement territorial, en s’occupant notamment de la communication et des relations avec les voisins du quartier Plan d’Aou et de Saint Antoine qui font partie du jardinage partagé et d’autres événements et ateliers. Elle s’occupe aussi de la relation entre les voisins et les artistes.

Les profs

Nous avons débarqué à Toulon au sein du collège, et la directrice nous a présenté aux professeurs, notamment à ceux et celles qui enseignaient nos langues maternelles.  Le prof. d’italien, Guglielmo De Michely, était un homme très tranquille d’une quarantaine d’années. Pendant nos pauses, on traînait dans la salle des profs. C’était très intéressant d’échanger avec des gens plus âgées. Il y avait une atmosphère spéciale dans la salle : certains avaient l’air assez stressé, mais ils profitaient des pauses pour rigoler entre eux et parler de n’importe quoi. Quelque uns en particulier avaient un air très intéressant, et j’en ai donc profité pour les connaître.

J’ai été, par exemple, particulièrement frappé par la prof. de sport, qui enseigne là-bas depuis longtemps et qui m’a avoué ne plus pouvoir enseigner ailleurs, tant elle s’était attachée à ses élèves, même aux  plus « difficiles à gérer ».

Les élèves

On a eu entre 4 et 5 classes par jour, et 55 minutes pour présenter nos ateliers à l’aide des professeurs. Les élèves avaient entre 11 et 16 ans, soit de la sixième à la troisième.

J’ai encore le souvenir de la toute première classe. Les élèves n’étaient pas nombreux, mais très animés tout de même. C’était un « savoir faire » pas du tout évident d’attirer leur attention et de les motiver à suivre l’atelier, surtout avec les élèves les plus évidemment désintéressés ou vivaces. Mais cela a été beau de remarquer que parfois on pouvait y arriver même avec ceux-là, en apprenant comment faire à fur et à mesure qu’on les connatumblr_inline_ohxar3erh81tf5fhu_500issait. Parfois il s’agit tout simplement, à mon avis, de se rendre compte que si des jeunes de cet âge ne sont pas intéressés par ce qu’on leur propose dans le milieu scolaire, cela ne veut pas forcement dire qu’ils sont totalement insensibles. Je trouve que c’est même légitime qu’il y ait certaines choses qu’ils ne trouvent pas si intéressant comme on s’attendrait. Parfois cela peut-être même signe de personnalité et d’esprit critique.

Ainsi, bien conscient que tout ce que j’allais proposer ne serait pas si formidable à priori (même être critique par rapport à soi-même, je trouve qu’il s’agit de quelque chose pas si évident non plus), j’ai cherché à chaque fois de comprendre ce qui pouvait les intéresser, sans trop m’éloigner du sujet de l’atelier. Et bien, cela a souvent marché.

Mon atelier

J’ai sélectionné certains contenus pour ma présentation power point pour qu’il soit accessible à tout le monde en termes d’âge et de pré-requis, que cela ne soit pas trop lourd mais qu’il puisse apporter quelques connaissances de plus en même temps.

Ainsi, il y avait une petite partie géographique concernant les frontières, les régions et les principales villes italiennes. Ensuite, une partie photo où il fallait deviner à chaque fois comment s’appelle et où se situe tel ou tel monument (le Colisée de Rome, la Tour de Pise, mais même, par exemple, le Vulcan Etna de Sicile), ce qui donnait aussi l’occasion d’en tirer un peu d’histoire.

De même que pour de grandes personnalités italiennes (Leonard da Vinci, Dante Alighieri etc..), et des plats (Pizza, Spaghetti, Parmesan, Tiramisu…). Je trouve que les «clichés » sont un bon point de départ, pour ensuite ouvrir à des connaissances plus larges.

D’un point de vue plus linguistique, j’ai proposé une partie dédiée aux bases de la conversation italienne (et, en même temps, aux règles de prononciation, intonation et accentuation), et au vocabulaire. Dans cette dernière partie, je les ai fait jouer surtout avec les « faux amis », ces mots italiens et français qui se ressemblent (et qui sont parfois tout à fait pareils) mais qui ont des significations différentes, parfois même opposées. Histoire de leur apprendre à ne pas garder tout le temps leur propre langue comme point de référence et comparaison continue dans l’apprentissage d’une autre langue, bien que proche.

Pour cerner les activités en mode plus « relax », j’ai lancé une chanson italienne assez connue à l’étranger pour des questions aussi bien historiques que de culture populaire : « Bella Ciao », le chant des partisans, les résistants italiens sous le régime fasciste pendant la deuxième guerre mondiale. Beaucoup d’élèves la connaissaient et ont bien montré qu’ils l’aimaient, j’imagine grâce à  son côté à la fois  mélodieux, bien rythmé et simple. J’ai projeté, en même temps, les paroles de la chanson, dont j’avais cependant supprimé des mots, qu’ils devaient retrouver à l’aide de l’écoute.

Quelques anecdotes

Beaucoup de garçons avaient une connaissance « indirecte » de la toponymie italienne sur la base de leurs connaissances d’équipes de foot italiennes. Cependant, parfois ça les mettait dans l’erreur en leur faisant croire que «Juventus» et «Florentine» sont des villes (alors que ce sont les noms respectivement de l’équipe de Turin et de celle de Florence). Quant aux frontières italiennes, sauf en ce qui concerne la France et parfois la Suisse, peu de monde devinait aussi l’Autriche et la Slovénie (qui d’ailleurs sont des pays très peu médiatisés), tout en étant par contre convaincus que l’Allemagne était un pays voisin.

Beaucoup d’entre eux connaissaient le Colisée grâce au film «Le Gladiateur», qui a été effectivement un gros film « culte » du cinéma. D’autres ont par contre fait confusion avec «300», qui concernait  Sparte, Athènes et l’Empire Persan. Cela a été donc l’occasion pour faire quelques remarques d’histoire, notamment autour de la figure si littéraire, à la fois dramatiques et passionnée, de ces esclaves qui se battaient contre des bêtes farouches pour être affranchis.

Concernant la partie gastronomique, je donnais parfois des indices pour deviner les noms des plats et des aliments, comme la première lettre. Dans le cas d’un fromage italien que normalement on râpe sur les pâtes, c’était évidemment le P (parmesan), mais une petite fille a répondu «Président».

Une expérience fort enrichissante

 J’ai été sincèrement content de m’être impliqué sur cet événement. Je crois qu’on arrive à un âge (mais c’est peut-être un problème qui va au-delà) où on ne ressent pas trop le besoin d’échanger avec des gens beaucoup plus jeunes ou âgés. Personnellement, je trouve qu’il est  intéressant, beau et même utile de le faire, parce qu’on peut beaucoup apprendre des différentes visions que les individus ont en fonction de leur âge, et que sur un tas de choses il n’y a même pas des différences si profondes ou insurmontables. D’ailleurs, ça peut aussi aider pour réfléchir sur son propre passé et futur, ainsi que sur comment le présent peut façonner la mentalité, les idées et les attitudes des individus.

Un peu plus loin que ces spéculations philosophiques, la naïveté, la spontanéité et même la fermeté de ces adolescents m’a beaucoup frappé, et souvent très amusé. En même temps, je me suis rendu compte à quel point il peut être difficile pour des jeunes de cet âge de se rapprocher des autres et même, je dirais, de soi-même. Et de comment, donc, il est indispensable qu’il y ait des gens qui aient l’envie et l’intérêt de les soutenir dans leur parcours de construction, sans trop les canaliser dans des modèles prédéfinis de comportements, mais aussi en cherchant à leur transmettre des sentiments positifs concernant notamment leur sociabilité. J’étais donc également heureux de découvrir qu’il y ait encore des adultes qui s’engagent de manière passionné dans ça.

Donc, pour moi la semaine des langues a été aussi l’occasion de pouvoir observer un nouveau milieu et de m’y rapprocher. En tant qu’ancien (et je crois futur aussi) étudiant de langues, je me suis rendu compte que de part cet apprentissage on peut bien ouvrir son regard sur un horizon plus vaste, ce que je trouve fort utile quant à avoir un choix plus large d’idées et des sentiments pour  la construction de sa propre personnalité.

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